Repousses de vignes : la lutte s’organise

Des refuges de choix pour les cicadelles

 

La flavescence dorée peut-elle se nicher en dehors des vignes ?

La cicadelle Scaphoideus titanus, insecte vecteur de la maladie, ne sévit pas qu’à l’échelle des parcelles. Les repousses de vignes, ces buissons et lianes sauvages qui bordent les territoires viticoles ou couvrent le sol, sont un refuge de prédilection pour les cicadelles. Elles s’y nichent, s’y nourrissent, s’y reproduisent. Les repousses de vignes constituent donc elles aussi un vecteur majeur de la flavescence dorée.

Depuis plusieurs années, le GDON prélève des repousses de vignes à proximité de foyers de flavescence dorée. Ces prélèvements se font à l’aveugle car les repousses de porte-greffe n’expriment pas de symptômes. Pour 53 % des 28 repousses prélevées entre 2016 et 2019, l’analyse est positive. Les propriétaires de ces repousses sont contactés par la DRAAF pour un arrachage obligatoire, au même titre qu’une parcelle cultivée contaminée par la flavescence dorée.

Mais les repousses ne se limitent pas aux frontières des parcelles : elles peuvent être présentes sur n’importe quelle zone foncière des communes viticoles. Pour une lutte efficace, il faut donc sortir de l’échelle des parcelles et considérer l’échelle des territoires viticoles dans leur globalité.

Initier une lutte collective contre les repousses

 

Cette implication des territoires pour lutter contre la flavescence dorée, c’est la finalité de l’action portée par le GDON dans le cadre du projet régional VitiREV. L’objectif est de mobiliser les différents acteurs des territoires pour imaginer ensemble et tester rapidement des solutions visant à repérer, signaler et à terme éviter la présence de repousses sur leur commune.  Professionnels de la filière, viticulteurs, collectivités et riverains pourront ainsi agir dans une démarche collective de lutte contre la flavescence dorée, et de réduction des traitements insecticides obligatoires.

La question des produits phytosanitaires, qui cristallise certaines tensions entre les professionnels de la filière et les acteurs des territoires, constitue ici le levier d’une mobilisation collective pour expérimenter des dispositifs de surveillance collective, d’identification et d’élimination des repousses, ou encore de valorisation alternative des terrains abritant des repousses.

Deux territoires d’expérimentation

 

Deux micro-territoires pilotes ont été définis pour déployer les premiers groupes de travail multi-acteurs :

  • un territoire en bordure de Garonne, sur un groupement de communes où la flavescence dorée est fortement présente depuis des années malgré les traitements obligatoires et la surveillance des vignobles,
  • un territoire en bordure de Dordogne, situé en zone avec un enjeu fort de contrôle de la maladie en raison d’une proportion importante de vignes mères.

Les acteurs susceptibles d’intégrer la dynamique de lutte collective ont été identifiés, et seront rencontrés prochainement par nos équipes pour une présentation individualisée des enjeux liés à la problématique des repousses. Ces rencontres constitueront une base pour entamer ensuite les futurs groupes de travail collectifs à l’échelle des deux micro-territoires pilotes.

Pour une viticulture durable et participative

 

Le projet VitiREV a été lancé en 2019 par la Région Nouvelle Aquitaine, suite au constat des attentes croissantes de la part des consommateurs et des riverains des territoires viticoles vis-à-vis de la filière, notamment sur la question des produits phytosanitaires. La Région considère que la filière doit faire évoluer ses pratiques, pour mieux répondre aux enjeux liés à l’environnement et au changement climatique mais aussi pour prendre davantage en compte les consommateurs, et recréer du lien avec les riverains des territoires viticoles.

VitiREV s’appuie sur le montage de 14 Laboratoires d’Innovation Territoriale (LITs), qui sont conçus comme des espaces d’expérimentation en conditions réelles à un niveau local. Les acteurs des territoires y sont considérés comme des parties prenantes essentielles à impliquer, pour imaginer de nouvelles solutions aux problématiques actuelles de la viticulture régionale.

Ce projet s’étend sur 9 ans avec le concours financier du Grand Plan d’Investissement et de la Région Nouvelle Aquitaine.