La lutte contre la flavescence dorée est rendue obligatoire au niveau national et au niveau départemental avec 3 leviers clairement identifiés. L’organisation française porte ses fruits pour contenir la maladie sur le territoire au sein du vignoble, des vignes mères et des pépinières. Cette coordination permet une mobilisation générale et active des professionnels.
Lutte contre la flavescence dorée
Règlementations nationale et locale
La flavescence dorée est une maladie épidémique de quarantaine régie par l’arrêté ministériel du 19 décembre 2013. Ce texte indique que tout pied identifié comme contaminé doit être arraché et que toute parcelle contaminée à plus de 20 % doit être arrachée en totalité. Un Périmètre de Lutte Obligatoire (PLO) y est également défini : il est constitué de toutes les communes contaminées auxquelles peuvent s’ajouter des communes proches considérées comme susceptibles d’être contaminées. Au sein de ce PLO, tout détenteur de vigne doit respecter le nombre de traitements insecticides imposés contre la cicadelle de la flavescence dorée. Dans le Périmètre de Lutte Obligatoire, les vignes non cultivées doivent être arrachées ou remises en état. Des règles spécifiques aux vignes mères y sont aussi décrites.
Une note de service complète l’arrêté avec notamment l’analyse de risque autour des vignes mères. Un arrêté préfectoral relatif à la lutte contre la flavescence dorée est écrit chaque année suite à la réunion du CROPSAV (Conseil Régional d’Orientation de la Politique Sanitaire Animale et Végétale) en présence des différents organismes de la filière viticole girondine.
3 leviers d’action
L’expansion de la maladie dépend de 3 facteurs :
- Le niveau de population de l’insecte vecteur
- Le nombre et la répartition des foyers de maladie
- La présence de vignes non cultivées dans les zones contaminées
Pour réguler ces facteurs, la lutte contre la flavescence dorée s’axe sur :
- La maîtrise des populations de vecteur
- La détection et l’arrachage des pieds malades
- L’élimination des vignes non cultivées
Pourquoi lutter avec un GDON ?
La lutte, pour fonctionner, doit être collective. Si chacun met en œuvre les actions de lutte, la maladie ne se propagera pas dans le vignoble bordelais. Dans une zone contaminée, si un viticulteur ne fait pas les traitements obligatoires dans les temps, les insectes présents peuvent aller contaminer les exploitations voisines. Si un viticulteur n’arrache pas ses pieds malades, la maladie s’implante dans son vignoble et se répandra aux alentours.
La lutte en France : la mobilisation des professionnels est générale !
Partout en France, les viticulteurs se mobilisent, même dans des zones sans flavescence dorée comme en Alsace, en Champagne et dans le Jura. Pour le Jura, la prospection de prévention a permis de repérer rapidement les premiers foyers de flavescence dorée et d’éviter l’expansion de la maladie à temps. En 2021, 93% du vignoble a été prospecté grâce aux 746 matinées de participation des professionnels sur 1 600 hectares. Egalement 1 600 hectares ont été prospectés en Alsace en 2017, avec 340 professionnels de 11 Syndicats viticoles.
La Bourgogne, un exemple de gestion concertée de la flavescence dorée
En Bourgogne, dès l’apparition des premiers foyers, suite à la pression médiatique et avec une volonté forte de ne pas augmenter l’utilisation des insecticides, la filière s’est très vite réunie et a organisé une lutte efficace, reposant sur l’implication des viticulteurs, de leurs salariés et des techniciens de la filière viticole.
La mobilisation des viticulteurs et de leurs salariés a permis de prospecter l’intégralité des zones à risques chaque année depuis 2013. Ainsi la maladie n’a pas pu s’étendre.
Vignes mères : prospection et traitement à l’eau chaude
Initiée en Aquitaine par la volonté du Syndicat des Pépiniéristes Viticulteurs de la Gironde et du Sud-Ouest, la prospection de 100 % des vignes mères de greffons chaque année a servi d’exemple. Depuis 2017, cette surveillance exhaustive est faite dans toute la France afin d’assurer aux pépiniéristes et aux viticulteurs un matériel végétal d’origine française sain. En 2017, 99 % des vignes mères de greffons plantées en France ont été prospectées (30% des surfaces par FranceAgriMer, 30 % par des Organismes à Vocation Sanitaire et 40 % par des structures professionnelles).
Autour des vignes mères de porte-greffes, une surveillance est en place, cette fois sur les vignes cultivées à moins de 250 mètres. Les porte-greffes sont traités 3 fois à l’insecticide chaque année mais ils n’expriment aucun symptôme : il faut donc réussir à prévenir leur contamination depuis les vignobles cultivés ou non cultivés aux alentours. Une analyse de risque est conduite chaque année grâce à la surveillance du GDON : si beaucoup de pieds contaminés sont détectés à proximité d’une vigne mère de porte-greffe, il est obligatoire de traiter à l’eau chaude les bois qui en sont extraits.
Des contrôles de traitement des vignes mères et des pépinières sont effectués par FranceAgriMer.
Le traitement à l’eau chaude des plants permet d’éliminer le phytoplasme de la flavescence dorée. Il n’est pas un vaccin : un plant traité à l’eau chaude peut être contaminé par l’insecte vecteur de la maladie. Il est primordial de traiter les plants à l’eau chaude avant leur implantation en zone indemne de flavescence dorée. En zone contaminée, ce traitement fait partie de la lutte, avec les 3 autres leviers indispensables.
Lutte contre le bois noir
Règlementations nationale et locale
Un arrêté préfectoral annuel rend obligatoire l’arrachage des pieds de bois noir dans le Périmètre de Lutte Obligatoire défini pour la lutte contre la flavescence dorée. Les symptômes des deux maladies étant identiques sur un pied de vigne, le bois noir peut en effet masquer la présence de la flavescence dorée sur une parcelle. Pourquoi arracher un pied atteint par le bois noir ?
Lutte prophylactique
Il n’y a pas de préconisation de traitement insecticide pour lutter contre l’insecte vecteur du bois noir. Si les plantes réservoirs étaient traitées, l’effet serait négatif car les insectes migreraient sur la vigne. Les mesures de lutte sont prophylactiques :
- Élimination du liseron et de l’ortie dans et autour des parcelles (s’il y a un effet de bordure de parcelle contaminée). Le fauchage doit être fait au printemps mais pas quand les adultes ailés émergent (environ mi-juin) sinon ils risquent de migrer sur la vigne,
- Le désherbage mécanique propage le liseron, l’enherbement empêche le liseron de s’implanter,
- Pour les jeunes plantations, faire attention aux sols nus et appliquer les mesures prophylactiques citées ci-dessus.