La flavescence dorée et le bois noir sont deux jaunisses à phytoplasme, une bactérie transmise par un insecte vecteur. Les 2 insectes vecteurs des 2 maladies sont différents et leurs cycles de vie expliquent le caractère épidémique de la flavescence dorée, à l’inverse du bois noir. Ces 2 insectes, lorsqu’ils sont infectés par le phytoplasme, se nourrissent sur un pied de vigne et le lui transmettent.
Contamination par les phytoplasmes
Le phytoplasme est une sorte de bactérie sans paroi. Il a besoin d’un insecte ou d’une plante vivante pour survivre : il n’est transmis ni aux œufs de l’insecte vecteur ni aux graines. Il ne peut être véhiculé ni par la taille ni par les racines.
Une fois entrés dans la sève du pied de vigne, les phytoplasmes se multiplient de manière hétérogène dans certaines parties de la plante. Cette multiplication entraîne une perturbation du transport des sucres par la sève et crée une expression des symptômes de la jaunisse. Cependant, les phytoplasmes peuvent se répartir dans tout le pied de vigne, du porte-greffe au greffon. Ils sont présents dans tous les organes sauf les graines. Ils peuvent être transmis par la multiplication végétative du porte-greffe et du greffon.
Aucun moyen curatif d’un pied de vigne malade n’est connu à ce jour.
Scaphoideus titanus, cicadelle vectrice de la flavescence dorée
Cette cicadelle apparaît en Gironde entre fin avril et début mai sous forme de larve.
Elle enchaîne 5 stades larvaires en changeant environ tous les 10 jours de stade. Elle devient adulte début juillet et peut alors être présente jusqu’à mi-octobre. Les œufs sont pondus au cours de l’été et de l’automne. Une seule génération de cicadelle naît chaque année mais la période d’éclosion peut être longue, jusqu’à 2 mois.
Les larves sont relativement peu mobiles, elles sont présentes notamment sur les pampres. Les adultes sont plus mobiles : munis d’ailes, ils peuvent voler sur plusieurs centaines de mètres.
Transmission épidémique du phytoplasme de la flavescence dorée
La cicadelle de la flavescence dorée est un insecte piqueur suceur : elle se nourrit sur la face inférieure des feuilles en les piquant et aspire la sève.
Si elle se nourrit sur un pied contaminé, elle acquiert le phytoplasme. 30 jours après, elle le transmettra à chacun des pieds qu’elle piquera ensuite pour se nourrir. Elle transmet alors le phytoplasme. Un insecte, s’il est infecté par le phytoplasme, ne pourra plus l’éliminer. Les cicadelles, qu’elles soient sous forme de larves ou d’adultes, peuvent transmettre le phytoplasme.
La cicadelle de la flavescence dorée fait tout son cycle biologique sur la vigne, ce qui rend la maladie épidémique : elle s’y nourrit quasiment exclusivement et elle ne pond que sur les pieds de vigne (sur l’écorce ou les bois d’au moins 2 ans).
Le phytoplasme n’est pas transmis aux œufs : les larves nées au printemps ne sont pas infectées.
Les cicadelles de la flavescence dorée peuvent se déplacer de 50 mètres par semaine soit environ 500 mètres sur une année. Une cicadelle peut aussi être transportée par les tracteurs d’une zone à une autre.
Observation des cicadelles
Stades larvaires
L1 : 1 mm – Couleur blanche
L2 : 2 mm – Couleur jaune
L3 : 3 mm – Couleur jaune
L4 : 4 mm – Tâche marron
L5 : 5 mm – Dessin marbré
Adultes
5 mm – Marron violacé avec des ailes
La larve de la cicadelle de la flavescence dorée peut être confondue avec une larve de cicadelle verte. Pour les différencier, 2 astuces : la cicadelle de la flavescence dorée a 2 points noirs à l’arrière et elle saute quand elle est dérangée, contrairement à la larve de la cicadelle verte, qui marche en crabe.
Télécharger une fiche de reconnaissance des différentes cicadelles à ne pas confondre.
Pour vérifier leur présence, vous pouvez faire un comptage des larves présentes sous les feuilles en mai et juin ou poser un piège pour les adultes à partir de juillet jusqu’en octobre.
Hyalesthes obsoletus, vecteur du bois noir
Cycle biologique
L’insecte est présent autour du bassin méditerranéen jusqu’en Asie mineure et au nord de l’Europe. Il est polyphage et se nourrit sur de nombreuses plantes, le plus souvent des herbacées sauvages (comme le liseron, l’ortie) ou cultivées (comme la tomate, la lavande…). L’insecte est sous forme larvaire pendant l’automne et l’hiver et vit dans la terre. 5 stades larvaires s’enchaînent, le dernier étant celui où l’insecte sort de terre, au printemps.
Ces larves se transformeront en adultes ailés, à peu près en juin. La ponte se fait uniquement sur le liseron, l’ortie ou la lavande, pas sur la vigne.
Transmission du phytoplasme du bois noir
Les larves et les adultes peuvent transmettre le phytoplasme. Le phytoplasme n’est pas transmis aux œufs.
En Gironde, l’insecte naît et acquiert à l’état larvaire le phytoplasme sur le liseron ou l’ortie. Une fois adulte, il peut ensuite le transmettre à un pied de vigne.
Il n’y a pas de transmission de pied en pied de vigne. L’insecte peut se nourrir sur la vigne mais il n’y restera pas longtemps. La lutte est prophylactique, elle consiste à limiter la présence des liserons et des orties, sources d’infection, à proximité ou au sein des parcelles de vigne. L’élimination de ces plantes réservoirs doit être réalisée tôt en saison (avant la mi-juin), avant que les larves ne sortent du sol et deviennent des adultes ailés capables de migrer vers la vigne.
Observation de l’insecte vecteur du bois noir
L’insecte est sous forme de larve pendant l’hiver et lors de l’émergence au printemps : de couleur blanche, elle a comme un plumeau à l’arrière.
L’adulte mesure 3-4 mm de long, il a un corps de couleur noire, des yeux rouge vermillon, des ailes translucides et une tâche sur le côté, en bas de chaque aile.