Arracher les pieds malades

Chaque année, les pieds malades sont marqués à la peinture par les équipes du GDON. Avant le 1er avril de la campagne suivante, vous devez procéder à leur arrachage. Éliminer chaque année un maximum de pieds symptomatiques permet d’éviter l’expansion de la flavescence dorée. Laisser un pied malade dans son vignoble est un risque pour chaque pied autour et pour les exploitations voisines. La maladie gagne vite du terrain : vous seuls, viticulteurs, pouvez l’arrêter.

Pourquoi arracher 1 pied ?

  • C’est nécessaire :

Un seul pied contaminé par la flavescence dorée constitue un foyer d’infection. Une cicadelle Scaphoideus titanus venant se nourrir sur une feuille pourra contaminer tous les pieds de vigne environnants. La propagation de la maladie est exponentielle.

Aucun traitement n’existe à l’heure actuelle pour guérir un cep malade. Un pied touché par la flavescence dorée produira moins et peut mourir dans les années qui suivent.

  • C’est obligatoire :

Un arrêté ministériel définit la « zone délimitée » (contaminée) dans laquelle tout cep avec des symptômes de jaunisse (flavescence dorée ou bois noir) doit être arraché.

Le territoire du GDON des Bordeaux est intégralement en zone délimitée.

J’ai du bois noir. Dois-je arracher ?

Oui, selon l’arrêté ministériel. Le bois noir perturbe la détection de la flavescence dorée. Les symptômes étant identiques, les maladies ne peuvent pas être distinguées à l’œil nu. Par exemple, sur une parcelle avec 10 pieds symptomatiques, au maximum 5 sont prélevés pour l’analyse en laboratoire. Si le résultat est positif au bois noir, il est tout à fait possible que la flavescence dorée soit présente parmi les 5 autres pieds.

Un pied peut même être infecté à la fois par la flavescence dorée et par le bois noir.

Dois-je arracher si les rameaux ne sont pas tous touchés ?

Si un pied est symptomatique cette année, c’est qu’il a été piqué par l’insecte vecteur l’année précédente voire plusieurs années avant. La bactérie est entrée dans le pied de vigne par une feuille au moins l’année précédente et s’est multipliée pendant l’hiver et le printemps. Un pied symptomatique peut donc être contaminé entièrement même s’il n’exprime les symptômes que sur une partie du pied (un seul rameau ou un seul côté du cep). Conserver ce pied en taillant uniquement les rameaux symptomatiques est donc très risqué car la bactérie toujours présente dans le reste du pied peut de nouveau se multiplier les années qui suivent et le pied restera contaminant pour les pieds autour.

Et si je laisse un ou quelques pieds marqués à la peinture ?

Laisser un pied malade pour voir s’il « guérit » est une pratique fréquente mais qui peut s’avérer catastrophique. Certains pieds symptomatiques une année peuvent les années suivantes ne plus exprimer de symptômes. C’est observé régulièrement sur le merlot par exemple. Mais ceci ne signifie pas que ces pieds sont guéris, car la bactérie, toujours présente, peut de nouveau s’y multiplier. Ils constituent donc des foyers de contamination pour les pieds aux environs. Ces différents phénomènes sont absolument imprévisibles.

Laisser les pieds contaminés, c’est prendre des risques de contamination et condamner des zones entières aux traitements insecticides pour plusieurs années. Certains vignobles européens qui ont fait le choix de ne plus arracher connaissent des pressions de la maladie économiquement insupportables qui conduisent les viticulteurs à se reconvertir vers d’autres cultures.

Chaque pied arraché compte pour éviter la propagation de la flavescence dorée

Sans arrachage et sans traitement insecticide, le nombre de pieds malades peut être multiplié par 10 chaque année soit :

  • 1 pied la première année
  • 10 pieds la 2ème année
  • 100 pieds la 3ème année
  • 1 000 pieds la 4ème année.

Quand plus de 20 % des pieds d’une parcelle sont atteints, la parcelle doit être arrachée en totalité. Pour éviter cela, une détection au plus tôt est indispensable.

La perte d’un pied se justifie pour en sauver bien d’autres.

Et si je recèpe ?

De nombreux viticulteurs ont tenté des techniques variées pour lutter contre la maladie.

Recéper, couper les rameaux symptomatiques et laisser les autres, laisser le pied pour voir s’il exprime l’année suivante… Aucune de ces techniques ne donne de résultats satisfaisants.

La bactérie est présente dans tout le cep, jusqu’aux racines. Les symptômes sont variables d’une année sur l’autre. Un cep peut exprimer des symptômes une année et ne plus en exprimer l’année suivante mais il est toujours contaminant et aucune guérison n’est possible.

La seule lutte efficace connue actuellement est la combinaison des 3 axes :

  • réduire la présence de l’insecte ;
  • arracher les pieds malades ;
  • éliminer les vignes non cultivées.

Des recherches sont en cours pour améliorer les connaissances et les stratégies de lutte afin de trouver notamment des alternatives.

J’ai un doute sur ce qui a été marqué

Les prospecteurs qui marquent un pied ont été formés à la reconnaissance des symptômes et à ne pas les confondre avec d’autres maladies ou problèmes qui causent un jaunissement ou un rougissement des feuilles. Chaque prospecteur est formé pendant 2 jours sur des parcelles contaminées puis chaque cep suspecté est validé par un prospecteur chevronné pendant plusieurs semaines. Les permanents de l’équipe du GDON tournent constamment dans toutes les équipes pour affiner cette formation continue.

Le diagnostic visuel sur chaque parcelle est validé par une analyse en laboratoire pour vérifier si la bactérie de la flavescence dorée ou celle du bois noir sont présentes. L’arrachage d’un pied est demandé seulement si le résultat est positif.

J’ai coupé le pied, est-ce suffisant ?

Couper le pied ne suffit pas pour éviter la contamination des autres pieds autour : quand les symptômes sont visibles, un an après la piqûre, la bactérie s’est déjà multipliée dans toute la sève du pied pendant l’hiver. Elle est présente dans le greffon et le porte-greffe. Les repousses à partir du porte-greffe seront porteuses de la bactérie sans exprimer de symptômes : il est donc primordial d’arracher le cep en totalité et qu’aucune repousse n’en sorte.