Principalement issues des porte-greffes, les repousses de vignes « sauvages » peuvent également provenir de greffons. Ces repousses portent un double danger : à la fois réservoirs potentiels de la bactérie de la flavescence dorée, et refuges de la cicadelle. Maitriser ces repousses permettrait une meilleure gestion de la flavescence dorée et ainsi une diminution des traitements insecticides.
Quels sont les risques ?
La cicadelle de la flavescence dorée déroule tout son cycle de vie sur la vigne. Elle va donc vivre sur les vignes cultivées, mais également sur les repousses de vignes « sauvages ». Quand des cicadelles contaminées par la flavescence dorée vont migrer vers ces repousses de vignes, elles vont alors y introduire la bactérie. Par la suite, l’inverse pourra se produire : les cicadelles contaminées par ces repousses iront se nourrir sur les vignes cultivées à proximité et leur transmettront la maladie.
Plusieurs études de l’INRAe l’ont montré :
- En 2012, à proximité de foyers de flavescence dorée, 35 % des repousses de vignes prélevées sont contaminées.
- En 2015, dans 2 communes contaminées du GDON des Bordeaux, sur des repousses choisies de façon aléatoire (à proximité ou non de parcelles infectées), 5 à 18 % des repousses prélevées sont contaminées.
Un cas concret observé à Sainte-Croix-du-Mont (cf. ci-contre) : en 2015, 9 pieds atteints de flavescence dorée sont détectés sur une parcelle de sémillon. En 2016, cette parcelle est arrachée puis replantée avec du cabernet sauvignon. En 2018, une équipe du GDON repère des pieds et prospecte la parcelle : 63 pieds sont marqués. Ces pieds sont plus concentrés d’un côté de la parcelle, à proximité d’une haie où se trouve une repousse de vigne : cette repousse est prélevée et l’analyse en laboratoire montre qu’elle est infectée par la flavescence dorée. Ce jeune cabernet sauvignon de 2 ans a donc été infecté par cette repousse de vigne, qui a elle-même été contaminée avant, à l’époque du sémillon.

Tous concernés par les repousses de vignes
Dans le cadre de projets menés depuis 2015 (FladoRisk, FladoLink et Co-Act), le GDON a travaillé avec l’INRAe sur la localisation de ces repousses et sur la sensibilisation des acteurs.
Des recensements sur 3 communes ont montré la forte présence de repousses :
- Barsac : 93 zones de repousses soit 7 / km²
- Rions : 397 zones de repousses soit 50 / km²
- Saint-Croix-du-Mont : 400 zones de repousses soit 80 / km²
Une étude menée sur les communes de Rions et Barsac a montré que 69 % des surfaces en repousses concernent des particuliers, 28 % des viticulteurs, et 3 % des terrains communaux (cf. graphique ci-contre). Un livret sur la gestion des vignes non cultivées a été distribué aux habitants et aux viticulteurs. Sur les 205 enquêtes menées auprès de particuliers, 25 % ont lu le livret, puis 9 % ont agi sur des repousses présentes chez eux. Sur les 50 enquêtes menées auprès de viticulteurs, 31 avaient lu le livret mais ils n’ont pas agi. Aucun ne pense avoir de repousse mais tous montrent un intérêt pour la démarche de sensibilisation de la population à la règlementation et à l’obligation de traiter.

Quelles actions mener ?
Chaque viticulteur peut agir directement sur son terrain en éliminant les repousses de vignes dans les bois, les talus, les fossés, les haies, les bords de parcelles, … Il est également important de travailler en amont pour éviter l’apparition de ces repousses, par exemple lors de l’arrachage d’une parcelle au cours duquel il faut s’assurer que tous les pieds soient totalement déracinés.
Les repousses étant également présentes chez des particuliers ou sur des terrains communaux, il est important de communiquer avec eux afin que chacun agisse. Un livret pour la gestion de ces repousses est consultable : n’hésitez pas à le partager !

Que fait le GDON ?
Au vu de toutes ces informations, depuis plusieurs années, le GDON prélève des repousses à proximité de foyers de flavescence dorée (exemple ci-contre). Ces prélèvements se font à l’aveugle car les repousses de porte-greffe n’expriment pas de symptômes. Pour 53 % des 28 repousses prélevées entre 2016 et 2019, l’analyse est positive. Les propriétaires de ces repousses sont contactés par la DRAAF pour un arrachage obligatoire, au même titre qu’une parcelle cultivée contaminée par la flavescence dorée.

De plus, cette problématique des repousses de vignes ayant été clairement identifiée, le GDON est maintenant porteur d’un Laboratoire d’Innovation Territoriale (LIT) au sein du projet régional VitiREV. L’objectif de ce LIT est de mettre en lien les différents acteurs afin de trouver des solutions pour diminuer ces repousses de vignes et ainsi réduire la flavescence dorée et les traitements. La première étape est de se concentrer sur des zones pilotes contaminées avec beaucoup de repousses pour y tester des actions et des outils, qui pourront ensuite être transférés au reste du GDON.