A Vinitech, table ronde autour du projet Vitirev : « Zoom sur 3 leviers de diffusion des bonnes pratiques pour la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires »
Le 21 novembre 2018, à l’occasion du salon Vinitech, une table ronde avec 3 intervenants a été organisée par l’équipe du projet Vitirev – Innovons pour des Territoires Viticoles Respectueux de l’Environnement. Le projet est lié à un appel à projet national sur les Territoires d’Innovations.
A la table ronde, Olivier Lavialle, de Bordeaux Sciences Agro, Cécile Lelabousse de l’interprofession des vins de Bergerac et Sophie Bentéjac, du GDON des Bordeaux.
Marie-Catherine Dufour, directrice de l’IFV, l’Institut Français de la Vigne et du Vin a interrogé Sophie Bentéjac du GDON des Bordeaux :
« Expliquez en quelques chiffres-clés l’activité du GDON des Bordeaux »
Le GDON a été créé pour lutter contre la flavescence dorée, une maladie épidémique du vignoble due à une bactérie et transmise par un insecte. La lutte est obligatoire pour chaque viticulteur qui doit arracher les pieds malades et traiter contre l’insecte. Pour mieux lutter et réduire les traitements, 9 Syndicats viticoles ont créé le GDON des Bordeaux. Le territoire couvre 348 communes avec 74 000 hectares de vignes soit 2/3 du vignoble bordelais. 5 300 viticulteurs sont concernés. La principale activité du GDON consiste à des observations sur le terrain : pour la surveillance de l’insecte vecteur de la flavescence dorée et pour la recherche des pieds contaminés, la prospection. 90 personnes sont mobilisées au mois d’août. Une dizaine de journées de formation sont proposées aux professionnels chaque année avec divers partenariats : avec la cave coopérative de Tutiac, le Syndicat des Pépiniéristes Viticulteurs de la Gironde et du Sud-Ouest et Agrobio Gironde. Le GDON des Bordeaux prospecte chaque année entre 7 000 et 10 000 hectares de vignes. En 2017, un traitement insecticide a pu être évité sur 49 000 hectares de vignes.
Les ressources financières du GDON des Bordeaux sont issues des cotisations de chaque viticulteur à hauteur de 5,50 € par hectare de vigne pour un budget total de 370 000 € en 2018.
« Quelles sont les principales contraintes rencontrées ? »
- La surface viticole importante du territoire demande des moyens humains colossaux pour pouvoir observer la maladie,
- Les moyens financiers actuels, qui permettent de prospecter le vignoble une fois tous les 10 ans alors que la maladie se répand bien plus rapidement : une parcelle peut être ravagée en 3 ans,
- Un manque de mobilisation des acteurs : des viticulteurs pour la vigilance et le signalement de la maladie, qui nécessiterait une formation à la reconnaissance des symptômes ; des propriétaires ou gestionnaires de terrain ayant des repousses de vigne ensauvagées.
« Quelles solutions le numérique peut-il apporter ? »
3 grands axes peuvent être cités :
- la télédétection par capteurs embarqués sur les tracteurs, drones, satellites. Par exemple pour identifier les gros foyers de maladie sur des zones non visitées l’année même. Le but est d’avoir une vision sur tout le territoire et de suppléer des moyens humains. Des projets de recherche sont en cours pour solutionner cette surveillance à grande échelle.
- recenser les données d’observation sur le terrain et en temps réel . Par exemple, un acteur du territoire repère un symptôme de la maladie : il le signalise immédiatement et le géolocalise. Ceci pour les viticulteurs, leurs salariés, les équipes du GDON, les techniciens, les conseillers, les vendeurs de produits phytosanitaires,… Avec une application ludique type PokemonGo, on peut imaginer que les services municipaux et les riverains signalent des friches et des repousses de vigne qui sont un réservoir d’insectes et de maladie. Ces outils participatifs et interactifs permettraient à toute personne intéressée de consulter les informations en temps réel sur le territoire et la période recherchés. Ces outils fonctionneraient pour une signalisation avec une localisation précise.
- Pour la formation des acteurs du territoire, le numérique peut être décliné sous différentes formes selon la cible : mooc, tutoriel, application de reconnaissance en ligne, outil en réalité virtuelle avec différents temps et niveaux de formation,… Cela permettrait d’impliquer plus de personnes et plus d’acteurs dans la détection.