Le concept ? Détecter la maladie sur sa machine à vendanger
L’idée est venue des chercheurs de l’IMS, un laboratoire de recherche lié à Bordeaux Sciences Agro. Après un bilan sur les recherches actuelles de télédétection via des drones, qui présentent des limites en termes de coût et de faisabilité, une autre voie a émergé : un capteur embarqué sur une machine à vendanger capable de détecter les symptômes, en se basant sur l’expertise humaine du GDON des Bordeaux pour le vignoble bordelais ; du BNIC et de la Fédération des Interprofessions du bassin viticole Charentes-Cognac pour le vignoble de Cognac. L’IFV a regroupé tous ces savoir-faire pour monter le projet et quérir un financement. L’expérience de l’IFV concernant les outils d’aide à la décision permettra d’en créer un en intégrant cette proxi-détection, combinée avec d’autres critères, pour cibler les zones à risque et les prospecter en priorité.
2020 : les premières photos « à la brouette » en Gironde
Le projet a démarré cette année avec la sélection par le GDON de parcelles contaminées, plantées en cabernet sauvignon. Ce cépage est le plus sensible des cépages rouges de Gironde : les symptômes s’y expriment globalement de façon forte, souvent sur plusieurs rameaux. C’est sur ce cépage que les symptômes sont les plus faciles à détecter à l’œil nu. Pour l’occasion, l’IMS a créé un système muni d’une brouette, d’un appareil photo et d’un flash pour photographier des ceps avec des symptômes de jaunisses (flavescence dorée ou bois noir), mais aussi des ceps avec des rougissements causés par d’autres maladies, accidents ou carences et des ceps sans aucun symptôme.
Le montage et l’utilisation du système ont également été testés sur une machine à vendanger afin de rendre le système opérationnel. Le dispositif adapté a fonctionné et sera finalisé en 2021.
Sur 7 parcelles, des centaines de ceps ont ainsi été photographiés grâce à l’accord de 6 viticulteurs, ce qui a permis d’avoir une gamme variée d’expression des symptômes grâce aux âges, aux pratiques et à l’historique spécifiques de chaque parcelle.
En parallèle, un travail identique a été réalisé à Cognac sur le cépage majoritaire, l’ugni blanc.
Prochaines étapes vers la proxi-détection
Ces images de symptômes caractéristiques ou confondants seront ensuite annotées par les permanents du GDON des Bordeaux. Sur chaque photo, nous indiquerons précisément où les symptômes sont visibles (rameau, grappe, feuille) et leur type (non aoûtement, dessèchement, rougissement).
Un algorithme, mis au point par l’IMS, « apprendra à la machine » à reconnaître ces signes à partir des annotations du GDON des Bordeaux.
Pour l’outil d’aide à la décision, un cahier des charges sera élaboré par le GDON des Bordeaux, le BNIC et la Fédération des Interprofessions du bassin viticole Charentes-Cognac, en tenant compte des réalités et des attentes de chacun des vignobles.
A l’été 2021, d’autres photos seront prises sur différents cépages rouges via les machines à vendanger. La proxi-détection sera alors comparée à la prospection à pied par les équipes du GDON des Bordeaux.
En 2022, le système sera à nouveau testé, et élargi à d’autres cépages blancs.
Des sollicitations de partenariats
Une société souhaitant développer la télédétection des symptômes de jaunisses via des drones a demandé de survoler des parcelles en 2020 pour tester son système. Le survol a été fait sur des parcelles de cabernet sauvignon et de sauvignon blanc. Pour chaque cépage, une parcelle avec des ceps symptomatiques et une parcelle sans aucun symptôme ont été photographiées.
Ce partenariat permettrait de tester d’autres technologies avec le même objectif : prospecter plus de surfaces de vignes chaque année pour réagir plus rapidement et donc plus efficacement à la contamination.
